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La transe hypnotique en TSE® : une douce invitation à halluciner ensemble


Est-ce que je perds le contrôle sous hypnose ?

La transe hypnotique en Thérapie Solutionniste Expérientielle (TSE®) :

une douce invitation à halluciner ensemble

 

J'hallucine (...), oui mais encore ?

Une scène me revient : mon fils qui joue et qui, du haut de ses 4 ans, envoie un « J’hallucine ! » à la cantonade, marquant sa joie et son étonnement. Moi, un brin provocateur : « J’hallucine que tu dises j’hallucine ! Mais qui t’a appris ça ? ».

Lui, hésitant d’abord, trouve la réponse censée satisfaire son père : « Mes frères ! ».

L’hallucination me paraît être l’expression que l’on convoque depuis quelques années pour faire face à ce que le philosophe Paul Virilio nommait « la tyrannie de la vitesse », liée à notre environnement technologique.

Mais sous le voile de cette expression pointe peut-être aussi ce que décrit Jonathan Crary dans son essai Le capitalisme à l’assaut du sommeil (La découverte, 2014) : l’expérience moderne de la contrainte à vivre et produire toujours plus, dans laquelle l’individu privé de sommeil et de ressources de créativité, « s’aligne sur l’existence de choses inanimées, inertes ou intemporelles ».

Convoquer l’hallucination, n’est-ce alors pas simplement réaffirmer : je suis un être de sensations ?

 

Comment l‘hypnose nous relie-t-elle à ces ressources, parfois endormies ?

L’hypnose porte en elle-même un malentendu : de sa racine grecque hupnos (sommeil), elle s’assimile au mieux à l’état d’endormissement, et au pire à l’état d’asservissement d’une personne qui serait contrôlée par une autre. C’est la raison pour laquelle Stephen Gilligan, continuateur célèbre de Milton Erickson, lui préfère le terme de transe.

« Le postulat selon lequel une autre personne est responsable de votre expérience fait partie du problème pas de la solution. C’est la raison pour laquelle j’ai cessé d’employer le terme hypnose : il véhicule trop la connotation du conscient d’une personne contrôlant l’inconscient d’une autre personne. »

Stephen Gilligan, L’hypnose Générative, (InterEditions, 2015)

Le terme transe n’est cependant pas neutre, et regroupe un certain nombre de pratiques et de représentations : la transe chamanique, la transe hallucinatoire sous produit, la transe de l’hypnose de spectacle, etc.

Si l’hypnose en langage courant a fini par recouvrir l’état de conscience amplifié ainsi que les techniques sous-jacentes permettant d’arriver à cet état, qu’entend-on par transe hypnotique en thérapie solutionniste expérientielle (TSE®) ?

 

Quels sont les ressorts physiologiques de l'expérience hypnotique ?

La transe hypnotique désigne cet état d’hypervigilance dans l’expérience sensorielle intérieure : un état amplifié de conscience permettant de faire dialoguer l’ici de ma présence au monde (par exemple dans le fait de partager le gigot du dimanche avec l’ensemble de la belle-famille réunie) avec l’ailleurs (l’avion de papier du petit neveu passant dans mon champ de vision et qui m’amène à laisser divaguer mon esprit et revivre, par exemple, l’expérience sensorielle d’une après-midi de mon enfance en centre aéré : joie intérieure, odeur de l’herbe, chaleur du soleil, mouvement du jeu…). « Tu es là Joris ou tu es ailleurs ? C’est oui ou non pour ce café ? », « … Euh… oui, oui… En fait, non… Pas de café pour moi !».

La transe hypnotique est donc un phénomène naturel, dont chacun peut faire l’expérience au quotidien. Derrière l’hypnose, il y a en somme toujours de l’autohypnose.

 

Alors, quid de la rencontre entre le praticien en hypnose et son client ?

Cette rencontre est centrale : la pratique de l’hypnose est d’abord de la relation. Dès l’accueil, une première salve d’informations essentiellement du champ de la communication non-verbale (posture, ressentis, regard, mots, etc.) et para-verbale (intonation de la voix, élocution, etc.) s’échange. Le client, ensuite installé, explicite sa raison d’être là. Il vient avec son symptôme, mais également son besoin parfois de se raconter, lui. Davantage que le discours, le praticien écoute la manière d’être au monde de cet individu singulier : quelles sont ses croyances, ses valeurs, son vocabulaire, ses expressions verbales et non-verbales, son univers ? D’autres flux d’informations sont à investiguer : qu’en est-il des comportements, des émotions, des pensées, des sensations. Comment interagissent-elles ? Au fond, comment cet individu compose-t-il avec l’existence ? Autrement dit, comment s’y prend-il pour gérer l’angoisse d’être au monde ?

Dans cette phase, il s’agit de suivre et de guider le client, comme cela se fera par la suite lors de la phase d’hypnose formelle. Suivre, car qui mieux que la personne elle-même sait de quoi il s’agit ? Et guider, dans la mesure où le praticien va ramener la question de la sensation, du mouvement du corps, pour bien comprendre comment l’enveloppe corporelle du client s’associe ou pas à ce qu’il décrit.

En effet, la personne de prime abord, va tenter de lister les éléments informatifs qui lui semblent pertinents à mesure que les idées circulent en cours d’entretien. A partir de ce mode séquentiel parfois même éparpillé, le praticien va peu à peu ramener de l’unité. Il s’agit alors d’un début d’hypnose dite « conversationnelle » où le praticien aide le patient à focaliser son attention sur la sensorialité.

Si cette focalisation rejoint les besoins de la personne, alors, comme l’écrit Dominique Megglé (Erickson, Hypnose et Psychothérapie, (Editions Retz, 1998), celle-ci va manifester « une disponibilité à répondre : elle perçoit l’importance de répondre aux idées que je lui communique (…) ».

 

La sensation corporelle, une puissante alliée ?

Dans la TSE®, la sensation est au centre - dans un questionnement permanent des traces dans le corps de ce qui est vécu - dans le but de créer de la solution. Pour Guillaume Poupard :

« la composante sensorielle (traces sensori-affectives) qui se situe en deçà de la représentation (mots, émotions…) (…) dirige inconsciemment les réactions, les comportements, les croyances, les choix, etc. du patient dans son quotidien». (Manuel pratique d’hypnothérapie, coll. Poupard, Martin, Bilheran, éditions Armand Colin, Paris 2015).

En somme, le praticien en hypnose en TSE® cherche à identifier le processus de fonctionnement global du patient, tout en convoquant de la sensation, pour ensuite déterminer une stratégie d’accompagnement. En quoi le symptôme que décrit le client est-il un problème pour lui ? Qu’est-ce qui vient faire obstacle à ce qu’il souhaite vivre dans sa vie ? Quelles ressources intérieures, conscientes ou inconscientes, sont à sa disposition ?

L’expérience hallucinatoire induite par le praticien en hypnose à son client répond ainsi à un double objectif

  • Le premier objectif est de laisser le choix au client : de le suivre. Il s’agit de cet aspect permissif mis en lumière par Milton Erickson pour qui l’indirect et des propositions permissives, s’affranchissent de ce qu’était l’hypnose traditionnelle dont le côté directif pouvait générer de la peur chez le patient. L’art réside alors dans ces suggestions authentiquement floues qui respectent le patient en tant qu’acteur de l’expérience.
  • Le deuxième objectif est d’être rassurant, contenant, de guider le client en habitant le protocole précisément choisi pour la stratégie mise en place. Il s'agit du temps de travail proprement dit : il a fait l’objet d’un accord au préalable entre le praticien et son client. Cet accord préalable est ce qui est nommé pré-cadrage et cadrage dans tout protocole d’hypnose. Cela peut aussi renvoyer au "Pré-Talk" où le praticien répond aux éventuelles inquiétudes du patient et pose des fusibles de communication. Par exemple, « des larmes peuvent couler mais c’est OK », « vous pouvez accueillir l’émotion », ou encore « vous pouvez transformer mes paroles avec des mots qui vous conviennent mieux, ou laisser de côté ce qui ne vous convient pas, tout cela est OK ».

L’induction hypnotique est donc une douce invitation à l’hallucination : induire la transe en focalisant l’attention, puis rentrer en soi, s’absorber dans l’expérience (avec du VAKOG, acronyme qui renvoie à Visuel, Auditif, Kinesthésique, Olfactif, Gustatif, adapté à la personne). Le praticien est lui-aussi dans un état hypnotique, car si son intention est de véhiculer l’expérience sensorielle, il doit pour cela s’y associer pleinement.

 

Un praticien pleinement engagé, pris lui-même dans une forme de douce hallucination, perd-il ses repères ?

Un pas de côté, avec le psychiatre et psychanalyste Gérard Mendel qui dans son ouvrage L’acte est une aventure analyse la pensée du faire, peut nous aider ici à saisir la subtilité de l’acte d’hypnotiser.

A partir du commentaire paradoxal de Napoléon lors de la bataille d’Austerlitz (« On s’engage et on voit »), Mendel montre que l’acte nécessite à la fois l’engagement de la personne (nous concernant, du praticien) où il est question de s’associer à une réalité hors de soi (nous concernant, celle de l’expérience sensorielle répondant aux besoins du patient), et le maintien pour une part hors acte.

L’acte d’hypnotiser nécessite donc une forme de distanciation partielle du sujet : pour le praticien, il s’agira dans le même temps, de participer à l’expérience hallucinatoire, et de mesurer les effets de la transe chez son patient, afin d’adapter celle-ci en permanence.

 

Provoquer le vacillement

Le point de bascule dans l’expérience pleine et entière de la transe hypnotique en TSE est ce que Guillaume Poupard nomme le vacillement.

En effet, c’est bien le passage de l’autre côté du miroir, à l’instar d’Alice partant aux pays des merveilles, qui va permettre le déploiement en profondeur du travail. Pour faire vaciller, trois techniques sont possibles :

  • par la dissociation : « Tandis que vos pieds sont lourds ancrés dans le sol, votre tête est légère et part en voyage… » ;
  • par la confusion : « Et vous pouvez oublier de vous rappeler ce souvenir futur … » ;
  • par la saturation : « Et ceci me rappelle le fonctionnement de l’articulation du poignet constituée, n’estce pas, par l’extrémité inférieure des deux os de l’avant-bras, le radius et l’ulna que l’on appelait autrefois le cubitus, (...) le radius, qui peut-être le savez-vous, permet de... ».

Lors de la confusion ou de la saturation, l’élégance du praticien sera de conclure par « mais tout cela n’a pas vraiment d’importance… ». Le but de cette rupture élégante est de guider tranquillement le patient dans un approfondissement de la transe et dans le protocole choisi. Le vacillement est donc ce qui précède la réorganisation.

 

Et à la fin, de cette expérience hallucinatoire, il en reste quoi ?

La finalité de ce moment hallucinatoire étant de produire de la solution, le post-acte constitué des suggestions post-hypnotiques et des échanges de fin de séance, vient consolider l’expérience sensorielle, et ouvrir un champ infini de possibles.

La transe hypnotique en TSE® relève donc davantage de l’art du langage et de la rencontre, ainsi que de la conscientisation d’une posture de thérapeute, condition ultime d’une invitation à l’expérience hallucinatoire qui a du sens, et aide le client à vivre maintenant ce qu’il veut pour demain.


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